Les amers désignent des éléments fixes situés sur une côte et visibles de la mer. Ils peuvent être naturels ou bâtis. Ils servent de repères aux marins pour la navigation maritime. Il en existe de toutes sortes, des plus conventionnelles aux plus originales : tours, clochers, arbres, rochers… On peut les considérer comme les petits frères des phares, ou plutôt des cousins éloignés.

Très tôt dans l’histoire de l’humanité – dès que les hommes prirent la mer – il fallut orienter les navires.  Des balisages apparurent le long des côtes au fil du temps. Ici comme ailleurs, les amers guident les marins le long des côtes de sable, de roche ou de marais.

Avec les 2/3 de ses frontières en littoral, Royan Atlantique collectionne ces repérages visuels. On les retrouve essentiellement le long de l’estuaire de la Gironde.

Les amers face à Une navigation dangereuse

La navigation n’a jamais été chose aisée sur le plus vaste estuaire d’Europe. Depuis le pertuis de Maumusson jusqu’au bec d’Ambès, les courants s’affrontent. Les bancs de sable et les hauts-fonds sont ainsi en mouvement perpétuel. En témoigne, l’évolution de la baie de Bonne Anse à l’embouchure de l’estuaire. Ces mouvements marins sont ainsi responsables de nombreux naufrages et d’échouements. Mais la peur du danger ne fait souvent pas le poids face à la témérité des marins. Pour autant, la navigation ne s’improvise pas…

Le pertuis de Maumusson : de Charybde en Scylla

Moins réputé que le détroit décrit dans l’Odyssée d’Homère, le pertuis de Maumusson sépare le pays royannais de l’île d’Oléron. Son nom vient de l’ancien français « mauvaise musse » qui signifie « mauvais chemin ». Les marins locaux redoutent depuis toujours ce maelstrom aux courants puissants.

le pertuis de Maumusson

Ce n’est pas un gouffre, la mer paraît plane et unie à la surface, à peine y distingue-t-on une flexion légère ; mais on entend sous cette eau tranquille un bruit formidable. Tout gros navire qui touche le pertuis est perdu. (…) Rien ne peut arrêter dans son mouvement lent et terrible la redoutable spirale qui a saisi le navire.

Face à La Coubre, le banc de la Mauvaise possède un nom assez évocateur pour que les marins sachent qu’ils doivent aussi s’en méfier…

Les amers, le long de la rive droite de l’estuaire de la Gironde

La Tour du Gardour

les amers de Royan Atlantique : la tour du Gardour

Alienor d’Aquitaine aurait donné ordre de construire un premier poste de garde sur les hauteurs de la forêt de la Coubre. Il permettait ainsi de surveiller les côtes et d’aider les navires à se repérer. En 1873, une nouvelle tour se construit. Durant la Seconde Guerre mondiale, les soldats allemands la dynamitent. Face à l’océan Atlantique, la tour du Gardour actuelle sert toujours de repère pour une navigation sécurisée.

Thierry Avan
les amers de Royan Atlantique : le Vieux Clocher de St-Palais

Le vieux clocher

La vieille église de Saint-Palais-sur-Mer a été réhaussée au XVIIIe siècle pour devenir un amer avec son clocher peint en noir. Les cisterciens ont construit cet édifice roman au XIIe siècle. Inscrit aux Monuments Historiques, il n’en reste désormais que l’abside et le clocher. À son pied, le petit cimetière le sépare de l’actuelle église. Pour l’anecdote : parmi les tombes, se trouve celle d’une victime du naufrage du Titanic.

Toujours à Saint-Palais, le foyer allumé sur la Roche aux Moines répondait au feu du rocher de Cordouan, avant l’installation du phare. Au XVIIIe siècle, l’État fit l’acquisition du Bois du Roi qui servait ainsi d’amer naturel. Il était délimité par des bornes en pierre. L’une d’elle est désormais réemployée dans le mur de la villa La Roche au Moine avec la mention gravée « AMER ».

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borne amer de St-Palais

La Pyramide de la Garde

les amers de Royan Atlantique : la Pyramide de la Garde

Érigée au XVIIIe siècle, la pyramide de la Garde surplombe les vestiges de l’ancien site gallo-romain du Fâ. Sur la commune de Barzan, le point de réseau géodésique servit à la réalisation de la carte Cassini. Par la suite, les navigateurs de l’estuaire lui donnèrent le rôle d’amer pour situer la côte. Haut de 4 mètres, elle se compose d’une base carrée surmontée d’une pyramide. Cette dernière est décorée de moulures sur chacune de ses faces. Elles sont orientées vers les 4 points cardinaux. Le sommet est malheureusement cassé. Depuis les 45 mètres de hauteur de ce coteau, la vue panoramique sur la baie de Chandorat est alors unique.

La Tour de Beaumont

Cette tour à feu était, autrefois, un amer pour les navires empruntant l’estuaire de la Gironde. Nous n’avons pas de date précise de sa construction. Cet ancien fanal signalait la rive droite de l’estuaire grâce à son feu. Les marins pouvaient alors localiser les ports de Mortagne ou de Port-Maubert. De forme conique, elle culmine à 59 mètres d’altitude. L’ouverture a son sommet permettait ainsi au feu d’éclairer. Administrativement sur la commune de Saint-Fort-sur-Gironde, on peut s’y rendre par l’ancienne commune de Saint-Romain-sur-Gironde, aujourd’hui rattachée à Floirac. L’ancien nom de Saint-Romain-de-Beaumont témoigne du lien de ce bourg avec le terrier de Beaumont. Jusqu’au Moyen Âge, la mer venait jusqu’au pied de ce relief. D’ici, on admire l’estuaire de la Gironde et ses marais.

Les amers de Royan Atlantique : la Tour de Beaumont

La légende raconte qu’elle est née de pierres tombées de la dorne (le tablier) de la mère du géant Gargantua pendant qu’elle enjambait l’estuaire. Gargamelle voulait construire un pont sur l’estuaire. Quand elle trébucha sur la colline, les cordons de son tablier se détachèrent. Et les pierres tombèrent pour former la tour.

La légende de Cadet

La conche de Cadet est la plage la plus secrète de Meschers et la plus proche des grottes troglodytiques du Régulus. Elles portent le nom d’un navire de guerre. Son capitaine le saborde en 1814 face aux falaises de Meschers. Il évite ainsi que les Anglais le capture.

Selon la petite histoire, Cadet était un naufrageur qui avait pactisé avec le diable pour tromper les navires passant devant les falaises par nuit de tempête. Accompagné de Belin, son bouc noir équipé d’une lanterne à une oreille et d’une cloche à l’autre, il attirait les bateaux qui se fracassaient sur les rochers. Il pillait ensuite les épaves et amassait les trésors. Leur cachette n’a jamais été découverte à ce jour…

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la légende de Cadet à Meschers

Des amers plus modernes

La « Chaise Blanche » de la Grande Côte

la Chaise Blanche de la Grande Côte

Retour à Saint-Palais-sur-Mer, au large de la plage de la Grande Côte. La « grande chaise  » questionne beaucoup de baigneurs et de promeneurs. Grâce à ses pilotis, ce duc-d’Albe métallique sort de l’eau pour servir d’amer aux bateaux navigant à l’embouchure de l’estuaire de la Gironde. L’alignement avec la tour-radar des Combots et une bouée lumineuse au large signale le chemin à suivre. Elle joue aussi le rôle de station météorologique.

Le Château d’Eau du Chemin du Phare de Saint-Pierre

château d'eau du phare de St-Pierre

Au cœur de Royan, près de l’église romane Saint-Pierre, ce château d’eau sert aussi de balise. Il peut donc faire partie de la famille des amers. Sa lumière s’aligne avec l’éclairage du phare du Chay pour guider les navires depuis la Pointe de Grave. Ce phare, sans doute le moins connu du pays royannais, s’élève seulement à 13 mètres de hauteur. Sa portée lumineuse est de 18 milles (soit 33 km).

le feu médiéval de Mornac-sur-Seudre

Thierry Avan
le feu médiéval de Mornac

Ce porte-feu est une reconstitution mise en place au port de Mornac-sur-Seudre en 2006. Au milieu des marais ostréicoles, il s’inspire d’anciennes structures scandinaves. Au Moyen Âge, en l’absence de relief, ces porte-feux à bascule étaient ainsi mis en place pour aider à la navigation. Par un système de balancier à contre-poids, un feu de nuit et une fumée le jour étaient alors entretenus. Cette reconstitution faisait partie de l’exposition communautaire « Sous la lumière des phares du Pays Royannais » au Palais des Congrès de Royan. Cet événement faisait d’ailleurs la part belle aux amers sur le territoire Royan Atlantique.

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