Retour au Temps des Gaulois dans la cité gallo-romaine du Fâ, près de Royan

Plusieurs campagnes de fouilles archéologiques menées sur le site du Fâ ont révélé une présence humaine très ancienne. Celle-ci remonte probablement au Néolithique, il y a 5 000 ans. Une véritable saga historique dont le point d’orgue a été la découverte des restes d’une ville gallo-romaine de première importance, active et prospère jusqu’à la fin du IIIe siècle. Certains historiens ont vu dans cette cité antique la trace de « Novioregum » ; une localité jamais véritablement identifiée dont un guide de voyage daté de l’empereur Dioclétien fait pourtant mention.

Fouille Grande Avenue

Des thermes, un théâtre, des entrepôts, un temple, un forum, des habitations, des routes… Tous les attributs de ce qui semble avoir été une grande agglomération portuaire d’époque gallo-romaine sont réunis sur un périmètre de 50 hectares à Barzan au bord de l’estuaire de la Gironde, sur la Destination Royan Atlantique.

Des traces qui remontent à la préhistoire

La richesse des vestiges de cette zone littorale témoigne d’une intense activité artisanale, économique, culturelle et spirituelle. Cette dernière ne date pourtant pas de la conquête de Jules César (dès -58 av JC). Des fouilles, menées sur le terrain dès la fin du XIXe siècle, révèlent une présence humaine bien plus ancienne. À 800 mètres environ du musée actuel, les deux versants de la colline de la Garde en portent les traces. En 1877, un historien local, Eutrope Jouan, signale l’exhumation de haches polies et de pointes de flèches qui semblent correspondre au savoir-faire de la fin de la période Néolithique (vers – 3 500). Une piste que confirment, bien plus tard, d’autres archéologues mobilisés à Barzan. On découvre, au même endroit, des céramiques, des fossés, une nécropole et des pierres de foyer déterrées à proximité de couches de cendres. Cela confirme l’intuition de Jouan. Des sociétés préhistoriques sédentarisées avaient donc bien installé un camp fortifié sur place. 

Les ruines de la cité gallo-romaine du Fâ s’inscrivent dans une longue continuité. Grâce à une situation géographique favorable, le site se tient sur la route de l’étain entre les îles britanniques et les territoires méditerranéens. Cette matière première, indispensable à la production d’outils en bronze, donne lieu à un commerce actif. Ainsi, s’explique l’attractivité de cette zone de transit très accessible depuis l’embouchure de la Gironde. Sans doute doit-on aux Santons, le peuple celte du territoire, dès le milieu du dernier millénaire avant notre ère (entre – 700 et – 500), l’embryon de ce qui est devenu l’une des plus grandes cités portuaires de la façade Atlantique. Et, beaucoup plus tard, un des joyaux du tourisme en Charente-Maritime.

Un temple monumental dédié au Dieu de la guerre

Après avoir été un simple emporium (comptoir commercial), la ville commence à se couvrir d’édifices en pierre typiquement urbains sous le règne des empereurs Flaviens (69-96 ap. JC). Son développement atteindra un âge d’or culturel et économique au siècle suivant, dominé par la dynastie des Antonins. Un itinéraire officiel rédigé et publié à cette époque par les Romains signale d’ailleurs déjà la ville. Beaucoup d’historiens estiment en effet que la cité longtemps inconnue de Novioregum correspond au site du Fâ. L’ouvrage la localise « sur l’axe de circulation qui relie Saintes à Bordeaux via Blaye, à 15 lieues de Saintes (environ 35 km) et 12 lieues de Tamnum (une trentaine de km) », une bourgade identifiée près de la commune actuelle de Consac. Les vestiges d’une véritable agglomération, raccordée par un réseau routier à Mediolanum Santonum (Saintes) sont visibles sur le terrain.

Il reste aujourd’hui du temple monumental consacré au Dieu romain Mars, l’enceinte et le podium qui accueillait la statue représentative de la divinité. À sa place, trône aujourd’hui un moulin à vent bâti au XVIIe ou XVIIIe siècle. Le nom « Fâ » qui désigne aujourd’hui l’ensemble de la cité gallo-romaine provient d’ailleurs du latin fanum. Ce terme s’utilisait pour qualifier les sanctuaires, espaces voués aux dieux. Le temple d’esprit gallo-romain a très probablement été édifié à l’emplacement d’anciens complexes plus modestes à vocation religieuse, aménagés par des civilisations antérieures, néolithiques puis celtiques.

Un théâtre, des thermes, des entrepôts, entre visites réelles et virtuelles

Le théâtre se situe plus à l’est, sur un des flancs de la colline de la Garde. Ses restes laissent deviner des gradins disposés selon un plan en demi-cercle. Son hémicycle a un rayon de 50 mètres. Par comparaison, le théâtre est de dimension équivalente à ceux d’Arles, Vienne, Orange ou Autun, véritables références du genre.

Des thermes (bains publics) sont mis à jour au nord. Leurs fouilles archéologiques permettent d’établir qu’ils étaient alimentés par une citerne de 16 mètres de profondeur équipée d’une roue à chaine utilisée pour « pomper » l’eau extraite de la nappe phréatique. À proximité, un petit quartier d’habitats se dévoile.

Sogecie Site du Fâ

Musée du site du Fâ

Depuis décembre 2005, un musée, aménagé dans l’ancienne ferme du Fâ, expose des vestiges et présente des reconstitutions dont une maquette de la ville gallo-romaine restituée à l’échelle 1/10.

La fonction commerciale de la cité transparaît dans l’importance de son entrepôt, identifié à proximité du sanctuaire principal. L’édifice occupe un espace de 4 000 m² qui s’organisait autour d’une cour centrale bordée de cellules dédiées au magasinage.

La trame urbaine dégagée par les archéologues fait apparaître la trace d’un decumanus. Il s’agit, en quelque sorte, d’une grande avenue d’au moins 400 mètres de long et 20 mètres de large qui traverse la cité jusqu’au péribole (enceinte) du grand temple. Grâce à une borne interactive, le public a la possibilité de s’immerger virtuellement, au cœur de l’ancienne cité gallo-romaine du Fâ.

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