Bâties entre le Xe et le XIIe siècle, les églises romanes saintongeaises subliment la blancheur et la simplicité du calcaire, une pierre tendre que les ouvriers et artisans de l’époque travaillent pour orner les églises de colonnes, voussures, chapiteaux ou encore modillons…
À l’époque, l’objectif de ces sculptures est d’orner le plus richement possible la Maison de Dieu. Au fil du temps, ces ouvrages connaissent des démolitions et des rénovations successives mélangeant l’art roman d’origine à d’autres styles architecturaux : gothique, renaissance, classique ou moderne. Les églises font ainsi partie des éléments patrimoniaux les plus anciens de nos communes. C’est bien souvent autour d’elles que les bourgs se sont structurés et développés.
Royan Atlantique, dans son long « manteau blanc » d’églises romanes
L’art roman est un livre épais dont on a composé quelques-unes des plus belles pages au cœur de la Saintonge médiévale.
En l’An Mil, le territoire maritime de Royan dépend de l’autorité directe des seigneurs de Didonne. C’est alors qu’en quelques décennies un large pan de ce « blanc manteau d’églises » se déploie. À l’image de ce qui se fait en Saintonge, les ouvriers et artisans travaillent et modèlent la pierre tendre. Ils fusèlent d’abord des colonnes, créent des modillons (blocs sculptés sous les corniches) et profilent des superpositions de voussures au-dessus des portails. Ils ornent également des chapiteaux et des façades typiquement formées d’arcatures sur plusieurs niveaux.
Parcours roman des coteaux de la Gironde aux marais de la Seudre
À ce jour, autour de Royan, huit églises sont classées au titre de Monuments Historiques. Elles se situent sur un des tracés secondaires du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Partons à la rencontre de ce patrimoine millénaire sur le parcours roman de Royan Atlantique.
1. L’église Sainte-Radegonde de Talmont-sur-Gironde
Carte postale puissante de l’art roman charentais, l’église Sainte-Radegonde tire son mystère et sa force du site exceptionnel où des moines bénédictins de Saint-Jean-d’Angély ont choisi de l’établir au XIIe siècle à l’emplacement d’un précédent sanctuaire. Perché en haut d’une falaise menacée par le flux et reflux de la marée, cet édifice semble défier la mer. Les sculptures de son portail latéral nord, entouré de deux larges arcades surmontées de sept autres, sont les plus anciennes et les plus usées par le sel de la mer. Face au portail, le cimetière marin de Talmont avec ses roses trémières finit de compléter l’aspect unique de cette église à nulle autre pareille.
2. L’église Saint-Martin d’Arces-sur-Gironde
L’église Saint-Martin est une ancienne abbatiale d’un prieuré bénédictin. Si l’extérieur est imposant, l’intérieur attise la curiosité de ces visiteurs. Les amoureux d’art roman saintongeais ont l’habitude de voir des murs de pierres blanches. Mais ici, murs, piliers et chapiteaux ont été repeints au XIXe siècle. Si à l’origine, les décorations de nos églises romanes étaient bien peintes, les artistes du XIXe siècle y ont ajouté couleurs vives et motifs décoratifs. Les réformés les blanchirent et les années accentuèrent ce changement. En outre, des peintures murales médiévales datant du XVe siècle ont récemment été découvertes.
3. L’église Saint-Symphorien de Grézac
L’église Saint-Symphorien est une église à deux nefs, à la fois romane et gothique. Un haut-relief sur la façade représente la fable d’Esope « le Renard et la Cigogne » (visible aussi à Cozes). À découvrir : la crypte sous le chœur avec sa voûte constituée d’arcs d’ogives en quatre sections. Le chapiteau central représente « les Damnés en Enfer ».
4. L’église Saint-Pierre de Royan
Fondée au XIe siècle sur l’emprise d’un prieuré, l’église Saint-Pierre est le monument le plus ancien de la ville de Royan. On atteste de son existence par écrit en 1092. L’église Saint-Pierre a subi de nombreuses modifications au fil des siècles. Elle a notamment perdu une grande partie de sa nef pendant les guerres de Religion. D’un style roman tardif, l’église Saint-Pierre a peu de décor sculpté, mais conserve une crypte ossuaire aménagée sous le clocher. Les bombardements de 1945 ont très sévèrement endommagé l’église, entrainant d’importantes reconstructions.
5. L’église Saint-Étienne de Vaux-sur-Mer
Fondée en 1075 par les frères Gémon, deux chevaliers de la maison de Mortagne, l’église Saint-Étienne était une église abbatiale. Elle se trouve à l’emplacement d’un ancien édifice carolingien et avant cela, un édifice gallo-romain. Sa nef a aujourd’hui disparu. Dans le carré du transept, une trompe subsiste et témoigne de l’ancienne coupole. L’église possède des chapiteaux historiés à l’intérieur comme à l’extérieur. À même l’église, l’ancien cimetière rempli de cénotaphes est également classé Monument Historique.
6. L’église Saint-Sulpice de Saint-Sulpice de Royan
À Saint-Sulpice de Royan, l’église éponyme, dépendance de l’abbaye de Vaux, donne à voir les vestiges d’arcades romanes (fin XIIe siècle) saisies dans le mur nord de sa nef refaite dans un style gothique au XVe (à gauche en entrant). Réputée pour son portail remarquable à 5 voussures, l’église de Saint-Sulpice est entourée de 4 cénotaphes. Elle abrite au pied de son clocher un jardin d’inspiration médiévale. Il est composé de parterres surélevés accueillant un potager et plus de 200 plantes (aromatiques, textiles, cosmétiques, tinctoriales, toxiques). Lieu de quiétude, il possède en son centre, une fontaine octogonale. Cette dernière est ornée d’un cadran solaire qui permet au visiteur de garder la notion du temps.
7. L’église Saint-Vivien de Breuillet
L’église Saint-Vivien date du XIIe siècle (première mention en 1186). Sa façade est imposante avec son portail à quatre voussures, sa galerie d’arcatures de 9 cintres au premier étage et ses trois grandes baies au second. La baie du centre est percée d’un oculus. Au sommet, un campanile abrite la cloche. Ses vitraux en ex-voto datent du XIXe siècle. Sur le côté Nord, une partie de l’ancien cimetière est toujours présente.
8. L’église Saint-Pierre de Mornac-sur-Seudre
Construite sur les vestiges d’un édifice mérovingien, l’église Saint-Pierre a un plan en croix latine avec absidioles. Suite à l’incendie par la foudre du clocher en 1943, des fouilles et des travaux de restauration mettent en valeur des trésors cachés de l’église dans les années 1950 comme la coupole barlongue. L’abside, en cul de four, abrite les restes de fresques. La litre funéraire et le banc des pauvres se retrouvent tout le long de la nef. De nombreux modillons et chapiteaux ornent le chevet dont le jardin cache des sarcophages mérovingiens.