Le phare de Cordouan,
« Versailles sur mer »

Le phare de Cordouan se situe à l’entrée du plus grand estuaire d’Europe, l’estuaire de la Gironde, à 7 kilomètres des côtes de Charente-Maritime, au large de Royan. Il est le dernier phare de France à être encore habité par des gardiens qui s’y relaient chaque semaine. La nuit, son feu rayonne jusqu’à 40 kilomètres à la ronde. Il projette à l’horizon un signal lumineux découpé en trois séquences qui se répètent toutes les 12 secondes. Face aux désordres de l’océan, la tour blanche du phare de Cordouan impose sa précision d’horloger, la force tranquille et l’extrême finesse de son architecture richement travaillée dans la pierre de Saintonge.

Le phare des rois, le roi des phares

Thierry Avan
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Juché sur son trône de roche et de sable, le phare de Cordouan est l’un des dix plus élevés au monde avec ses 68 mètres de haut. En France, seuls les phares de l’Ile-Vierge (Finistère) et de Gatteville (Manche) parviennent à le surpasser en hauteur. On le surnomme « phare des rois » ou « roi des phares ». D’une part, cela souligne le symbole monarchique qu’il représente. En effet, on le dédia à la gloire des monarques Henri III et Henri IV. Et, d’autre part, cela illustre sa majesté devant la rudesse des éléments naturels.

La construction du monument primitif débute en pleines guerres de Religion, sous la direction de l’architecte Louis de Foix (1584). Elle se limite alors aux deux premiers étages de l’actuel édifice. Elle s’achève près de 30 ans plus tard, après la fin du règne de Henri IV. Le phare éblouit tellement ses contemporains qu’ils n’hésitent pas à l’ériger au rang de « huitième merveille du monde ». Ce titre – certes officieux – en disait long sur l’ampleur de son faste et la forte impression qu’il exerçait sur l’imaginaire collectif. À l’époque, la tour se projetait à une quarantaine de mètres au-dessus de la mer. Elle était donc presque deux fois moins haute qu’aujourd’hui.

Sa physionomie actuelle remonte à un peu plus de deux siècles. Après la mort de Louis de Foix en 1602, son conducteur de travaux lui succède. Puis, c’est à l’aube de la Révolution que l’ingénieur bordelais Jean Teulère (1788-1789) surélève le bâtiment originel de près de 30 mètres.

Une chapelle au deuxième étage du phare de cordouan

Sa tour est formée d’un fût circulaire qui va s’amincissant vers le sommet. Elle tranche par sa sobriété avec la générosité ornementale de la partie inférieure. Elle ajoute quatre étages supplémentaires au phare, qui en compte donc six au total. Au premier, on trouve l’appartement du roi (aucune tête couronnée n’y a toutefois fait escale).

Thierry Avan

Chapelle du phare de Cordouan

Au deuxième étage, une chapelle pavée de marbre et coiffée d’une superbe voûte à caissons surmonte l’appartement du roi.

Une salle d’apparat occupe le niveau supérieur d’où part un escalier de 301 marches menant à la lanterne du 6e. Ici, l’ancien feu alimenté par du charbon, de l’huile d’olive et du spermaceti de baleine a cédé la place à une lampe halogène de 250 watts. Elle s’accompagne d’un appareil lenticulaire Fresnel qui en réunit les rayons lumineux.

Le saviez-vous ?

C’est à Cordouan que ce système optique a été expérimenté pour la première fois en 1823. Il est utilisé aujourd’hui par la plupart des phares dans le monde.

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Un phare inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco

Le phare est classé Monument Historique en 1862, la même année que la cathédrale Notre-Dame à Paris. En 2017, on le reconnait ensuite comme « chef-d’œuvre du génie créateur humain ». Il est à la fois ouvrage de signalisation maritime et édifice à l’architecture prodigieuse compte-tenu de son environnement maritime hostile. En traversant les siècles, sa construction illustre les périodes marquantes de l’histoire des phares dans le monde :

  • le développement du commerce maritime
  • le marquage symbolique des frontières
  • ou encore l’innovation technologique avec la lentille de Fresnel.


Ce sont notamment ces critères qui justifient la « Valeur Universelle Exceptionnelle » du phare de Cordouan. Ils lui permettent d’être inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de « bien culturel », le 24 juillet 2021. Il devient le 47e site français à recevoir cette distinction. Il rejoint donc des sites majeurs tels le Taj Mahal ou la Grande muraille de Chine.

Durée de la vidéo : 2 minutes 11

Le phare de Cordouan est ouvert au public et se visite à marée basse (plus de 20 000 visiteurs par an en moyenne). Des trajets sont notamment proposés depuis le port de Royan en fonction des horaires de marées en Charente-Maritime.

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